Poésie commune
“Poésie commune” est un espace dédié aux voix poétiques contemporaines. Elle entend témoigner du bouillonnement d’une pratique plurielle qui refuse d’avoir à choisir entre lyrisme et recherche formelle, entre expression individuelle et voix collective, entre la séparation du poème et son engrènement dans le monde.
Dire la poésie commune, c’est dire la singularité d’une poésie qui produit du commun où trouver la force de se réfugier mais aussi de se rebiffer, de biffer les récits en inventant des langues et des énonciations. Dire la poésie commune, c’est dire une poésie qui aujourd’hui éprouve-et-pense, dit je, tu, nous, on, est grave, virulente, drôle, émouvante sans jamais se complaire ni dans le biographisme ni dans la déploration. Dire la poésie commune, c’est dire une poésie qui déraille, tempête, joue, fabrique des formes, bref fait l’expérience du monde. Dire la poésie commune, c’est dire le paradoxe d’un lyrisme irréductible au seul sujet, d’une voix immédiatement collective sans être assignable, d’une expérience poétique qui est aussi d’avant et d’après le poème, inséparable de ses conditions comme de ses effets, du lieu-milieu où il s’énonce et de la manière dont il prend corps, essaime, circule.
“Poésie commune” est un collectif d’autrices et d’auteurs dont les membres sont : Elsa Boyer, Patrice Blouin, Lénaïg Cariou, Frédérique Cosnier-Laffage, Séverine Daucourt, Elke de Rijcke, Bastien Gallet et Laure Gauthier.
(L’image de couverture est une photographie de Frédérique Cosnier-Laffage.)
Poudreuse (extrait)
Dans un rapport étroit à l’oralité, par la polyphonie de répliques poétiques entrechoquées, Poudreuse est un texte qui laisse émerger l’espoir du collectif au milieu des décombres d’un système économique et politique. Les « solistes » du libéralisme sont là, pris en embuscade par la langue qui débusque leurs mobiles, leurs manies, leurs tactiques. Et la neige, à la manière du temps qui passe, imperturbable dans sa chute et implacable dans sa manière de recouvrir le réel, vient traverser cette chronique imparfaite, à l’impératif hors mode, demandant au temps de l’écrire.
Lire la suite