Particules
texte, partage et collecte sonore
projet initié dans le cadre d’une résidence de recherche à l’automne 2019, sur l’invitation des Capucins centre d’art contemporain d’Embrun
Le texte sur lequel j’ai travaillé est né d’une série d’entretiens réalisés avec différentes personnes (de différentes régions) à qui j’ai demandé si elles avaient une anecdote, une histoire à me raconter sur ces petites particules : pollen, poussières, particules fines, toutes ces choses qui sont dans l’air et dans les conversations… En avançant dans cette recherche, à travers des lectures aussi, je n’ai fait que l’élargir toujours plus, car à partir de ce thème, cette poussière, on peut parler de tout : d’environnement, de santé, de travail, d’atomes, de galaxies, de chants des dunes, de batailles, de répression, de violence, de douceur, d’architecture, de bois, de communauté, d’immunité, de mémoire, de son, d’apparition, de fête, d’enfance… bref de beaucoup beaucoup de choses. A chaque bifurcation, mille nouveaux chemins se sont ouverts et ma tache s’en ai trouvé compliquée… N’étant pas démiurge, je suis revenue à cette matière de base, les interviews, douze en tout, que j’ai retranscrites, accolées, cousues ensemble. J’ai enlevé tous les points et toutes les virgules et j’ai abouti à un long texte, un texte « asphyxié », de premier abord difficile à lire. Je vois tous ces mots comme en suspension dans l’air, des points discrets qui forment comme une grisaille. C’est comme une matière, une étendue, une forêt plantée qui a besoin d’être révélée par un geste, un rayon de lumière, un parcours, un souffle, un timbre de voix… Cette réserve de mots, ce bloc de langage qui tend à nous réduire au silence par sa masse, est aussi un gisement de potentiels, une réserve d’images. Ce long texte, je l’ai imprimé sur un rouleau de papier de 12 mètres de long. Il est devenu, en plus d’être une réserve, un support et un vecteur pour l’engendrement de nouvelles figures. En effet, ’ai pensé que ces mots pourraient passer dans une autre dimension si ils étaient chantés à la manière d’une psalmodie, d’une complainte médiévale, d’un chant polyphonique, d’un chant à inventer… C’était une intuition. J’ai pu avancer un peu dans ce sens en rencontrant, à Embrun, des personnes qui pratiquent le chant et qui ont eu envie de voir avec moi ce que ce texte a dans le ventre, dans la voix. J’ai poursuivi ce travail dans la région d’Annecy, sur l’invitation de l’école d’art. Autour de ce terrain de rencontre, nous avons improvisé seul.e, ensemble ou par petits groupes. J’ai collecté un ensemble d’enregistrements de ces improvisations, constituant ainsi ainsi un ensemble d’entrées singulières dans ce texte. L’improvisation-voix me permet de proposer un type d’engagement particulier, celui qui demande de se lancer, de prendre le risque, de faire avec nos fragilités et de constituer ainsi un lieu de partage.
Cette collecte est à ses débuts. Elle se complètera au fur et à mesure.
Vous avez la possibilité d’imprimer ce texte ou de le télécharger.
Si vous souhaitez me faire parvenir des enregistrements, vous pouvez me contacter à cette adresse : anna.principaud(@)gmail.com
Merci à celles et ceux qui m’ont accompagnée un bout de chemin dans cette recherche, illes se reconnaitront.
elle dit les particules prises dans son nombril dans ce petit piège à poussières où il faut aller les chercher c’est blanc gris ça n’a pas d’odeur c’est difficile à récupérer il arrive lui aussi dans son nombril avec des poussières de textile mélangées aux poils piège et barrière je commence une recherche je pensais prendre un chemin mais en fait j’en ouvre mille une recherche autour de notre rapport aux poussières aux particules fines aux pollens à ce qui est entre le visible et l’invisible et l’envie de commencer en récoltant des récits commencer par élargir s’entourer de mots images essayer d’englober tout ce que ça peut recouvrir est-ce que tu as quelque chose à me raconter quand j’avais 14 ou 15 ans avec mon père et mes frères je travaillais sur un chantier une grande maison il fallait la retaper et moi j’avais pour mission les tâches subalternes le balayage et le nettoyage on avait cassé pas mal de murs de cloisons pas mal de briques des briques des briques je nettoyais beaucoup la pièce était remplie de poussières le soir j’en avais le nez rempli on n’avait pas de masques quand je me mouchais ou je prenais la douche je trouvais d’énormes boules dans mon nez et ça me grattait la gorge toute la nuit je ne sais pas ce que c’était comme poussières ça me pose question aujourd’hui il aurait fallu mettre un masque on faisait ça à l’ancienne je balayais tout le temps et de la poussière très vieille mais après c’était nickel nickel sauf dans le nez la poussière m’envahissait elle était marron noire ocre elle était partout après ce que ça m’évoque la poussière c’est la poussière d’étoiles tout est poussière d’étoiles et tout redeviendra poussière à un moment donné ça c’est le cycle de la vie normale tu apprends ça tout petit qu’on est de la poussière d’étoiles c’est quand j’ai commencé à comprendre que les matières lourdes se créent seulement dans les supernovas qu’il n’y a pas d’autres endroits où le fer le plomb les minéraux lourds se créent ça ne peut se faire que dans cette énergie là on est obligatoirement poussières d’étoiles car tous les éléments qui ont formés la terre sont issus d’une supernova avec après tous les phénomènes d’accrétion quand tu sais que rien ne se perd rien ne se crée on est peut-être composés de la matière qui a constitué d’autres personnes la molécule d’eau que tu bois elle a peut-être déjà été bue par quelqu’un d’autre aussi quand je faisais des chantiers l’été je me rappelle de la laine de verre poser de la laine de verre sans protection ça gratte énormément c’est horrible tu peux ne pas dormir de la nuit on nous faisait faire ça on n’avait aucune protection pas de tyvex pas de masque on allait sous les combles et on agrafait à 14 15 16 ans et le soir on hurlait c’est comme des milliers de petites aiguilles et plus tu frottes plus ça brûle le pire c’est que tu ne vois rien tu le ressens mais tu ne vois rien ça te pique pique pique c’est microscopique et puis il fallait entrer dans cette odeur elle me parlait de cette observation quand il y a un rayon de lumière une lampe dans un endroit un peu sombre tu vois ces particules en suspension l’air que je respire là je le rejette et tu le respires il y a cette chose qu’on se partage tu peux m’envoyer ton air que je re-respire et ce qui est impressionnant c’est la capacité de notre organisme à filtrer cette poussière moi ça m’épate tu prends un aspirateur tu mets un filtre devant en quelques minutes tu vas avoir une quantité de poussières qui va s’accumuler il va devenir noir et avec tout ça tes poumons ne sont pas noirs pour autant il y a toutes ces cellules ciliées qui remontent qui recrachent qui te font éternuer moucher c’est impressionnant c’est des kilos de poussières s’il n’y avait pas ça on pourrait s’étouffer de notre propre poussière la quantité est phénoménale là cet arbre si tu mettais un système laser qui compte les particules en permanence là sous l’arbre ce serait des milliards de particules qui seraient en train de tomber tu fais ça frotter le bras devant un détecteur de particules juste ce geste et tu as un pic détecté au travail il y a des salles blanches il faut zéro particule si t’as pas de poussières t’as pas de bactéries en général ça dépend de la taille de la poussière mais on a des filtres très fins et des salles entières où tu rentres en combinaison et tu n’as pas de pollution particulaire quand on desquame la peau se renouvelle en 21 jours ta peau là dans 21 jours sera 100% renouvelée et tout ça c’est de la poussière ça part dans l’eau dans le lit en te frottant la peau c’est ce qui génère énormément de particules d’où les acariens dans les lits et dans la peau les gens qui ne changent pas leurs draps souvent c’est gavé de peaux mortes et il y a des milliards de bêtes microscopiques qui viennent manger il faut laver régulièrement tes draps nous on les lave tous les 15 jours la poussière ça évoque quoi ça évoque beaucoup la mort au final la vie et la mort c’est quoi la définition à partir de quelle taille de particules on parle de poussières il y a des particules plus ou moins fines est-ce que l’atome libre c’est une poussière à quelle échelle on parle de poussière est-ce ça une poussière ou est-ce le fait de les agglomérer qui fait qu’on les voit est-ce ça la poussière ce qui est visible ce qui est à peine dans le visible et ce qui est déjà dans l’invisible ça évoque aussi le ménage le nettoyage l’aspirateur on peut passer de l’aspirateur aux étoiles ici tu as beaucoup de pins maritimes à un moment donné ils vont polliniser et ça va polliniser d’un coup sur un coup de vent c’est impressionnant il y a un nuage jaune à tel point que par exemple la voiture en est recouverte tu peux écrire dessiner c’est que du pollen le toit de la maison est jaune les vitres sont jaunes tu passes deux jours à nettoyer quand tu en as une quantité comme ça c’est impressionnant là il ne faut pas être allergique ça fait un nuage jaune ça me rappelle les sables du Sahara qui parfois traversent la Méditerranée certains matins on se réveille et on a cette poussière rouge sur la voiture ça peut aller très loin il a été démontré que sans le Sahara l’Amazonie n’existerait pas le Sahara est un élément qui va nourrir les sols jusqu’en Amazonie avec les vents et toutes ces pluies c’est ce qui permet de nourrir les forêts les champs par l’apport de nouveaux minéraux chaque année c’est peut-être quelques millimètres mais cumulés sur plusieurs années c’est ça qui apporte suffisamment de minéraux pour les arbres le Sahara qui est désertique nourrit énormément de régions et ça on l’oublie souvent c’est énorme la masse du Sahara ça a été démontré par des scientifiques qu’une bonne partie du globe bénéficie de ces particules c’est l’effet papillon les éruptions volcaniques aussi les pluies les font retomber il faut bien nourrir les sols au bout d’un moment ils s’épuisent même si les arbres qui sont tombés se décomposent nous on en prélève pas mal les forêts pourraient s’épuiser vraiment pourtant elles se renouvellent il y a bien quelque chose qui amène des minéraux ou alors nos forêts sont de plus en plus rachitiques et on ne s’en rend pas compte on n’était pas là autrefois pour les voir le pin lui est très visible très jaune l’eau des dalles coule jaune le bassin il y a une surface jaune qui flotte ça dure une semaine il faut le voir pour le croire il y en a vraiment beaucoup la poussière c’est pas évident c’est plutôt négatif ou c’est un rapport je trouve la poussière chez les autres sales mais chez moi je me dis est-ce que c’est vraiment de la saleté ce dépôt est-ce que c’est vraiment sale surtout qu’elle est tout le temps là elle est tout le temps là tu ne peux pas t’en défaire moi je le vois sur les surfaces sombres tu as passé le chiffon et deux secondes après il y a plein de grains de poussières qui sont toujours là en fait tu ne peux pas t’en débarrasser est-ce que c’est vraiment sale est-ce que dans les maisons trop propres ça fait pas le même effet à l’inverse on ne se sent pas bien non plus chez les gens très maniaques tu as l’impression que tu vas salir il faut peut-être un juste milieu de poussières assez pour se dire qu’il y a de la vie ici la poussière fait partie de la vie la mort fait partie de la vie on parlait des cycles il faut s’imaginer la quantité de matière qui va nous composer dans une vie il y a toute la matière qui est en ce moment sur nous mais il y a aussi toute la matière la peau la desquamation les cheveux les ongles les déchets alimentaires quand tu considères toute la matière qui nous a composés dans notre vie c’est énorme c’est des tonnes notre organisme ne se limite pas à nos 60kg tout mouillés dans une vie c’est des dizaines de kilos de calcium des dizaines de kilos de fer des dizaines de kilos d’or on a de l’or aussi dans le corps alors bon d’accord c’est très mathématique très capitaliste il y a quelqu’un qui s’est amusé à calculer la valeur en minéraux d’un être humain en minéraux bruts tu sors toutes les valeurs de calcium de fer de zinc de magnésium manganèse sulfate phosphate tout ce qui nous compose je crois qu’il est arrivé autour de 40 euros dans un corps humain il y a 40 euros de valeur c’est affreux d’avoir fait ce calcul c’est intéressant de voir la répartition des minéraux en moyenne mais après le transformer en valeur indexée sur le Dow jones oui tu prends la valeur indexée du minéral c’est pas énorme la quantité car c’est quand même 90% d’eau notre organisme donc il reste un beau petit tas où il y a du carbone du calcium du magnésium du sodium du potassium tous les ions de base sulfate certains ont une dent en or oui mais on a tous un petit peu d’or aussi ça me choque cette anecdote de convertir un être humain en valeurs ça me rappelle Auschwitz la récupération de la graisse des dents des cheveux il y en a qui arrive à chiffrer tout et n’importe quoi mais je vous jure j’ai lu cet article ce qui était intéressant c’est pas tant la valeur 40 dollars ou c’était peut-être 400 je sais plus c’était pas très élevé c’était intéressant de voir la répartition des minéraux tu peux vraiment réduire la vie humaine enfin non parce qu’il y a l’esprit le corps humain les cendres quand tu incinères quelqu’un c’est quoi qui reste les minéraux l’eau s’est évaporée l’oxygène a été consumé il reste ce qui n’a pas brûlé quand c’est un arbre je l’utilise pour le jardin c’est du calcium du magnésium du potassium et selon les espèces d’arbres tu as plus ou moins d’un minéral par rapport à l’autre une cendre bien consumée il y a de la belle cendre de la belle braise là-bas oui avec dessus des petites aubergines qui attendent un jour en me promenant je longeais une rivière et tout à coup sur un petit arbuste je vois un papillon qui était posé alors curieuse par nature je m’approche du papillon je le prends délicatement dans la main et misérable le papillon meurt et il ne me reste que de la poussière alors tu vois un peu mon désarroi j’avais tué un papillon je n’étais pas contente du tout il était d’un blanc jaunâtre avec des petits points noirs la poussière était sur mes doigts je la regardais d’un air navré une poussière d’un beige jaunâtre la couleur du papillon un papillon ça peut être une saison entière de vie il y a aussi ceux qui migrent qui vont très loin jusqu’en Afrique est-ce une idée reçue que si on touche un papillon on le tue on peut le prendre par les ailes le mettre dans une petite enveloppe et il ne meurt pas c’est comme ça qu’ils font les études sur les papillons après ils les relâchent il faut y aller délicatement les collections de papillons épinglés pour qu’ils ne redeviennent pas poussières comment faire c’est mort ça sèche ça devrait se désagréger avant même de savoir que cette chose que je voyais était du pollen je trouvais très beau qu’il y ait à certains moments de l’année des petites choses très légères qui volent dans l’air c’est pas plus étoffé que ça comme impression je me suis rendue compte que la poussière c’est vraiment quelque chose qui échappe au regard car on a beau faire le ménage dans sa pièce en fait elle va se nicher là où on n’a pas de visibilité c’est quelque chose qui joue avec l’invisible comme une apparition oui c’est ça c’est une apparition forcément il faut être attentif à ce qui n’est pas de l’ordre de la vie active mais plutôt la vie contemplative il faut à un moment ne plus penser à ce qu’on était en train de faire c’est lors d’un moment d’arrêt qu’on peut voir ce genre de chose j’en ai vu une il y a pas très longtemps je sais plus où exactement une sorte de petite fleur de poils de filaments difficile à dire elle est passée devant moi je l’ai vue il y avait de la lumière c’était peut-être dans un parc cette petite chose blanche est passée devant moi ça m’a rappelé des souvenirs d’enfance quand sans avoir demandé à quelqu’un ce que c’était cette chose qui tombe qui flotte dans l’air qui vole à certains moments de l’année qui me fait rester étrangère je l’ai juste trouvée comme une chose belle de la nature je pense qu’il est difficile de faire disparaître toute la poussière d’un appartement elle revient oui mais c’est surprenant de voir comme elle revient on ne la voit jamais tomber on la voit recouvrir nos surfaces mais tu ne la vois jamais rentrer c’est très volatile pas malicieux mais dans sa façon de conquérir un espace ça s’insinue discrètement la poussière c’est la discrétion même mon ami a une immense bibliothèque remplie de livres qu’il ne lit pas souvent les personnes comme lui qui ont énormément de livres concrètement ne les utilisent pas ne les ouvrent pas tous les jours et donc ce sont des strates de temps qui les recouvrent ce qui est étrange aussi la poussière est un élément fragile en fait dès que tu la touches tu es aussi touchée par elle parce qu’elle va laisser des choses sur toi sur tes doigts la première image qui m’a traversé l’esprit c’est l’image de cristaux de neige qui volent dans le vent quand il fait bien froid et qui se reflètent dans le soleil qui vient de se lever on voit des scintillements de lumière qui correspondent aux petits cristaux de glace en suspension dans l’atmosphère des particules de glace qui volent au vent et qui scintillent dans le soleil oui je voyais une belle image j’ai associé ça à quelque chose de positif de beau c’est comme un émerveillement les gens viennent parce qu’ils éternuent qu’ils mouchent que leurs yeux ressemblent à des yeux de lapins je leur donne des antihistaminiques au mois de février mars ce sont les pollens d’arbres et plus tard les graminées pour les demandes de désensibilisation il faut se faire tester chez un allergologue ce sont des tests le plus souvent cutanés il t’injecte une petite quantité d’allergènes sous la peau et voit si ça déclenche une réaction c’est rapide les gens ont le dos quadrillé ça va des poussières de maisons d’acariens des moisissures différents pollens d’arbres de graminées les poils de chats de différents animaux le dos est quadrillé parce qu’il est divisé comme un damier une vingtaine d’allergènes différents sont injectés certains vont réagir et faire une cloque et d’autres pas quand l’indication est posée on t’injecte petit à petit l’allergène à des concentrations au départ très faibles et puis de plus en plus fortes de façon à induire une réaction de ton corps qui va de mieux en mieux le supporter les allergies immédiates c’est lié aux immunoglobulines de type e qui déclenchent la réaction allergique désensibiliser ça marche bien dans certains cas comme les allergies aux venins de guêpes d’abeilles là ça se fait très fréquemment d’autant que l’allergie peut avoir des conséquences graves pour les pollens d’arbres de poils d’animaux c’est partiel souvent si tu es allergique aux poils de chats tu as intérêt à ne pas en avoir dans ta maison si tu es allergique aux acariens tu as intérêt à ne pas avoir de moquette de trucs en laine d’avoir des housses antiacariens sur ton lit d’aérer et pour tout ce qui est pollen d’arbres ou de graminées c’est plus difficile pour les éviter mais tu peux prendre des traitements antihistaminiques pour moins ressentir les symptômes en ville la pollution atmosphérique les polluants microscopiques peuvent induire des réactions qui ne sont pas bonnes quand tu ajoutes ça au fait d’être asthmatique ou allergique alors les effets se combinent c’est pour ça que les gens asthmatiques se portent mieux dans des environnements peu riches en particules quand il y a déjà un état inflammatoire induit par l’allergie et que tu rajoutes un état inflammatoire induit par la pollution tu cumules les effets donc les gens ne sont pas bien en repensant au Plateau d’Assy quand on voit qu’aujourd’hui la vallée de l’Arve est classée comme une des plus polluées des Alpes alors que c’était un village de sanatoriums on y venait pour la qualité de l’air les choses évoluent quand les sanatoriums se sont implantés là il n’y avait pas l’autoroute ni le tunnel du Mont-blanc ni les routiers on dit que c’est aussi beaucoup le chauffage au bois c’est un cumul et la population s’est densifiée il y a plus de monde on retrouve des particules sur les glaciers du Mont-Blanc on peut faire une archéologie des pollens des particules dans le glacier les paléo-climatologues se servent de ça pour retrouver la trace des éruptions volcaniques de la même façon on a retrouvé des particules atomiques des années 50-60 dans les calottes glaciaires quand on faisait des essais dans l’atmosphère les essais américains russes même français les essais qu’on faisait dans le Sahara les vents tournent autour du globe alors ça s’est réparti et on les retrouve dans les calottes glaciaires parce que c’est facile de les retrouver là c’est piégé alors que dans notre atmosphère ici c’est mélangé désensibiliser ça touche à l’idée du sensible d’être sensible aux choses désensibiliser c’est parce qu’on est hypersensible c’est à dire tu es anormalement sensible à un pollen anormalement sensible au venin de guêpe désensibiliser c’est rendre moins sensible c’est pas que tu ne l’es plus du tout c’est que tu l’es moins tu es revenu dans la normale de la sensibilité tu essayes de jouer avec les mots sensibilité veut dire plusieurs choses tu peux être sensible dans l’émotion comme tu peux être sensible là c’est une réaction physique organique c’est pas la même chose mais quand on veut désensibiliser quelqu’un à une émotion dans les méthodes de manipulation de torture on utilise des méthodes où la personne va être soumise à des stress des images de plus en plus fortes pour qu’elle n’ait plus de réactions qu’elle trouve la situation normale mais on s’éloigne des particules ici on ponçe un chalet on est entouré de poussière de bois sur la pelouse ça donne des teintes marron sur l’herbe verte est-ce bénéfique ou pas est-ce un engrais naturel comme c’est aussi de la poussière de lasure de peinture est-ce que que ce serait pas plutôt toxique est-ce que le fait de respirer ça c’est bien est-ce que j’ai bien fait d’inviter ma famille à respirer ces composés aromatiques de peinture l’ouvrier lui est plutôt précautionneux il met un masque il aspire il y a des gens qui travaillent le bois qui ne se protègent pas autant qui souffrent de la sciure de bois il y a un risque cancérigène c’est connu la toxicité il y a une toxicité pulmonaire et aussi les gens qui travaillaient dans le bois ils faisaient des cancers des fosses nasales ça bloque le nez on n’arrive plus à respirer c’est une tumeur ça bloque tu peux respirer par la bouche mais ça abîme ta face ça fait assez longtemps dans les années 1950 qu’on a commencé à faire des rapprochements c’est comme avec le charbon pour les mineurs où ils mourraient d’anthracoses on connaissait la toxicité des particules après que les industriels l’aient cachée ou minimisée c’est la même chose pour l’amiante c’est un scandale il y a des gens qui ont fait des procès au civil au pénal pour toucher des indemnisations de la part des industriels qui auraient été fautifs parce qu’ils n’auraient pas assez protégé leurs employés pas pris des mesures de protection suffisantes ces procès sont souvent très longs très difficiles à gagner il faut apporter la preuve que les personnes savaient qu’ils faisaient prendre des risques à leurs employés c’est des procès qui ont pu avoir lieu qu’au sein de grandes entreprises parce qu’il y avait des syndicats pour appuyer les demandes mais sinon la plupart des gens n’arrivent pas à se défendre seul contre des industriels si je prend l’exemple de ton grand-père dans le cas de petites entreprises où le patron travaillait en même temps que son ouvrier son patron n’était pas plus au courant de la toxicité que lui là où il a le plus travailler à côté d’amiante c’est quand il travaillait en sous-traitant de l’arsenal de Toulon sur les bâtiments de l’arsenal des bâtiments normaux sauf qu’à l’époque on mettait de l’amiante partout des flocages pour isoler à ce moment-là il a été en contact avec de l’amiante est-ce qu’il se souvenait des gestes qu’il a pu faire il a pas vraiment floqué mais il était à côté il a probablement découpé des matériaux amiantés il fumait aussi et il y a eu ce scandale de l’amiante ils ont crée un fond d’indemnisation pour les victimes tu avais un dossier à déposer pour les cancers ou l’asbestose une sorte de silicose qui donnait des insuffisances respiratoires chroniques asbes c’est le nom grec de l’amiante selon tes activités professionnelles ils t’accordaient ou pas quelque chose le problème pour le futur c’est l’éventuelle toxicité des nano-particules on se demande à cette échelle-là jusqu’où ça peut intégrer des tissus et ce que ça peut générer c’est une sorte de grande inconnue maintenant il y a des nano-particules de titane dans pas mal d’endroits mais jusqu’où pénètrent ces nano-particules ça se trouve dans les cosmétiques dans les peintures dans les dentifrices les trucs antitranspiration on avait pointé du doigt pour ça les sels d’aluminium que ça pouvait avoir déclenché des cancers du sein ou autre il y aussi des gens qui partent un peu dans tous les sens sans faire preuve d’assez de rigueur scientifique par exemple les composants qui rentrent dans la composition des vaccins pour l’aluminium les quantités sont tellement infimes il y a le plomb avec Notre-Dame de Paris ils avaient mesuré des pics en banlieue parisienne il y a toute cette fumée c’est pas juste limité à l’île il faut voir où est partie le panache de fumée quels étaient les vents dominants le plomb c’est des particules lourdes donc je ne pense pas qu’elles fassent énormément de trajet la maladie liée au plomb le saturnisme là aussi c’est un nom grec ça vient de Saturne ça donne des troubles du développement c’est pour ça qu’ils s’inquiètent plutôt pour les enfants de troubles du développement moteur de troubles neurologiques autrefois ils mettaient du plomb dans les peintures donc des enfants qui vivaient dans des logis insalubres mangeaient des débris de peinture qui se décrochaient des murs et s’intoxiquaient comme ça car ça s’accumule surtout au niveau de la substance blanche du cerveau tous les métaux le fer à fortes doses est toxique pour l’organisme pareil avec le cuivre si on prend tous les métaux les uns après les autres si le corps en accumule beaucoup c’est toxique y compris l’aluminium on l’a incriminé dans beaucoup de choses on l’avait lié à la maladie d’Alzheimer mais il n’y a pas réellement de preuves avancées et quand il y a des éruptions volcaniques importantes ça va déposer comme ça des fortes doses de poussières ça a été à l’origine de catastrophes historiques de famines importantes de modifications du climat les petits âges glaciaires la poussière c’est un élément que j’arrive à voir mais très difficilement et surtout je peux me rendre compte qu’il y a des poussières à un moment et ne pas la voir les moteurs et la carburation ce sont des éléments hypersensibles et du coup la poussière elle peut amener le grain de sable dans le mécanisme qui fait tout enrayer c’est un combat j’essaye de la voir mais c’est pas évident il faut beaucoup de lumière il faut des yeux qui font office de loupe je recommence souvent ce que je fais à cause de poussières à cause de petits grains à cause de plein de choses c’est un combat quotidien dans mon travail dans l’environnement dans lequel j’évolue c’est un univers qui fait beaucoup de poussières je crée beaucoup de petites particules en ponçant en faisant du nettoyage du relevage ne serait-ce qu’en nettoyant la saleté je recrée des petites particules qui peuvent être volatiles ça va lever et du coup après il y a une grosse phase de nettoyage pour éliminer ces éléments qui pourraient être sensibles et revenir à l’intérieur du fonctionnement des pièces c’est un cycle presque j’essaye d’être dans un environnement entièrement propre mais c’est pas évident il y en a partout quand on commence à faire la course à ça c’est hyper compliqué et il y a un peu de la parano aussi car il faut quand même que ce soit une poussière de taille conséquente pour que ça mette la pagaille dans un système motorisé alors qu’en photo par exemple la poussière est tout de suite surdimensionnée et là c’est encore un autre souci le développement quand il y a de la poussière sur le film c’est vraiment un combat avec peu de moyen tous les gestes à ralentir il faut être hyper propre faire attention à ses vêtements bouger au ralenti pour ne pas faire de vent et ne pas abîmer le travail une poussière sur le film elle aura une taille démesurée c’est quelque chose qui nous entoure tout le temps dans mes différents travaux c’est un peu la chasse c’est une lutte oui je suis en lutte contre la poussière et d’un autre côté j’en suis un gros producteur donc c’est contradictoire je produis mon pire ennemi on n’arrive plus à respirer j’en fait des cauchemars j’ai rêvé qu’on ne pouvait plus respirer l’air qui nous entoure il nous agressait quand on sortait de la maison il ne fallait pas respirer sortir au minimum de chez soi ouvrir les fenêtres c’était pas possible on était tous reclus l’air était source d’angoisse je me souviens de ça c’était des scènes dans mon quotidien pour moi la menace elle est palpable cette sorte d’ambiance de fin du monde cette planète qui chavire ça passe par cet air irrespirable mais peut-être il y a quelques années l’air était encore plus pollué avec les fumées les moteurs peut-être plus sales pourtant aujourd’hui c’est dans toutes les conversations j’ai 33 ans et de mon expérience j’ai l’impression que d’année en année c’est de pire en pire quand je prends mon vélo après quelques coups de pédales je sens comme une asphyxie tu croises d’autres gens en vélo ou qui courent qui ont un masque la pollution ne me semble pas moins pire qu’avant j’ai l’impression qu’elle est partout dans l’eau qu’on boit l’air qu’on respire même dans les endroits les plus reculés l’air est pourri ça dépend souvent de la météo on est tous soumis à cette pollution mais c’est quand on fait un effort qu’on doit prendre de grandes inspirations qu’on la sent vraiment je la ressens aussi quand je pars de Paris et que je reviens je me rappelle d’un hiver où j’avais traversé la Seine et vu sous les réverbères une sorte de porosité de l’air j’ai vu l’air c’était associé à un pic de pollution assez extraordinaire il y a quatre ans au niveau des réverbères tu voyais la douche de lumière c’était comme s’il y avait de la fumée de la brume alors qu’il n’y avait pas de brume puis maintenant dès que tu montes sur les hauteurs tu la vois dans la couleur du ciel en Savoie les gens associent les différents bleus aux degrés de pollution plus on va vers un bleu plein moins l’air est pollué on retrouve le ciel d’un bleu intense pourquoi ça m’angoisse c’est vital de respirer on n’a pas le choix c’est comme si c’était l’ultime élément affecté c’est en train de devenir un élément monétisable il y a des gens qui te vendent de l’air pur tu as des stations d’air pur en Suisse j’avais lu un article sur deux gars qui commercialisaient l’air du Valais en Chine en flacon ça me fait flipper c’est l’idée d’un bien auquel certains auront accès et d’autres pas et si même l’air qu’on respire devient une denrée ça me met en colère oui il y avait déjà beaucoup de polémique par rapport à l’accès à l’eau mais l’accès à l’air bientôt peut-être ce sera la même chose à Paris les quartiers les plus pauvres sont au nord-est parce qu’à l’époque où il y avait des usines les fumées allaient de ce côté là elles s’éloignaient de l’ouest des quartiers riches et là c’était le son on est arrivé avec un sound system dans un entrepôt vraiment très grand c’était une ancienne usine où ils travaillaient le métal à Saint-Ouen on est arrivé on a installé le sound system et quand on a mis les premières basses toute la poussière est descendue on s’est ramassé un tas de poussière absolument hallucinant sur la figure et ça a été tout du long puisqu’on est resté dans l’entrepôt pendant trois jours la musique a tourné non-stop pendant trois jours les gens quand ils sortaient on voyait leurs larmes ils étaient tous noirs on aurait dit des gueules noires qui sortaient de la mine c’était impressionnant et sur les disques ça nous en a abîmé pas mal parce que comme c’était de la poussière métallique c’est rentré dans les sillons ça a rayé tous les disques mais faut savoir que quand tu es dans les entrepôts ou dans la nature ou au bord d’une plage tes disques ils vivent avec toi donc les trois quarts du temps dans mes disques j’ai du sable de l’herbe différentes sortes de poussières ça dépend de l’entrepôt des fois c’est du bois là c’était de la ferraille la ferraille c’était bien bien astringent c’est de la poussière très fine et très agressive c’était vers 98 on était beaucoup on cherchait les endroits et les friches industrielles à cette époque là il y en avait à foison partout et généralement c’était dégueulasse jamais nettoyé avec des déchets des poussières tout le monde s’en foutait on est venu plusieurs fois avec des compteurs geiger qui s’affolaient les trois jours les gueules noires c’était une fête des Spiral Tribe c’est mes amis on a toujours fait des fêtes ensemble le son ça faisait aussi péter les lampes elle explosent avec les basses ça fait tellement de vibrations que ça fait péter les ampoules au Printemps de Bourges c’était la première fois où il y avait un off on ne savait pas trop où se mettre on est venu poser le sound system sous la mairie il y avait un grand porche comme ça avec des colonnes et des ampoules on s’est mis là et aux premières basses toutes les ampoules ont explosé poooooo absolument toutes il n’y avait que nous donc on a rigolé puis bon sur le festival de Saint-Ouen vu dans l’état où on est sorti plus personne ne se rendait compte de rien on aurait dit Mad Max mais réellement parce que tout le monde était rasé avec des piercings partout des chiens je veux dire franchement c’était Mad Max vraiment réellement du moment qu’on faisait la fête c’était pas grave si on était sale de toute façon là où on était tranquille c’était dans les endroits les plus pourris forcément jamais jamais déclarés nous on était un peu plus malins que les jeunes aujourd’hui parce qu’on montait tout dans le noir les gens ils venaient parce qu’on avait des circuits ils venaient et quand la police arrivait c’était eux qui nous défendaient qui défendaient le son les gens à chaque fois ont repoussé la police avec une grande attention la respiration aujourd’hui on mesure on fait des bulletins d’allergie de risque allerginique et puis en même temps tu vois de plus en plus de gens qui se mettent à des pratiques respiratoires pour aller mieux pour aller mieux ça c’est sûr mais le problème c’est que étant donné comme c’est chargé c’est pas recommandé du tout quand tu vois les fadas qui font de la course à côté d’une voie rapide d’un périphérique ou d’une route tu te dis mais attends tes alvéoles elles sont comme ça mec faut pas courir faut pas bouger un bras tes alvéoles de poumons s’ouvrent et là c’est la ruée la ruée vers tes poumons non on est en apnée ici à chaque fois que je sors de Paris je me dis ça y est je peux arrêter l’apnée j’ai l’impression de respirer à moitié de pas réellement respirer à pleins poumons comme on dit d’être toujours au minimum syndical je suis née à Paris donc ça fait un petit moment déjà depuis que mes enfants sont nés mon fils est asthmatique on habitait sur le boulevard des maréchaux en bas d’un feu mon fils est très asthmatique j’étais obligé de lui faire des massages la kiné m’avait appris à lui décoller toutes les glaires en lui tapant dessus mais sérieusement tu verrais pour un petit nourrisson il faut y aller pour décoller les glaires pour qu’il puisse respirer tu passes ton temps à l’hôpital avec le masque pour les enfants les poussettes au niveau des pots d’échappement j’ai habité Paris puis après je suis partie en banlieue j’étais obligée de partir en banlieue mais bon t’as vu où j’habite la poussière chez moi c’est un scandale elle arrive par la fenêtre avec l’autoroute tout rentre par la fenêtre on a un courant d’air qui traverse la barre d’immeuble et tu peux te faire sécher les cheveux ils sont comme ça raides les gens ils pètent les plombs chez moi et en plus avec les pylônes électriques ça fait de l’électricité statique ça attire toute la poussière ça c’est un dommage collatéral dont on ne se doute pas mais on en bouffe de la poussière c’est hallucinant pour les particules fines ils ont fait des mesures dans les écoles au niveau des échangeurs du périphérique et c’est bien au delà des valeurs ça pète le plafond même un adulte même un ours même un mammouth ils tiendraient pas franchement cette histoire de hangar ça abîmait les disques tu essayais de les faire tourner rayés ça transforme la musique il y en a qui sont irréversibles mais il y en a d’autres je les nettoie et ils continuent leur vie pour moi c’est ça un vinyle il vit la matière vit c’est de la wax on pourrait même écouter la poussière on l’entend sur des gros sons avec le diamant quand il passe sur un grain de poussière il fait cric c’est ou une rayure ou de la poussière mais on vit avec la poussière et c’est statique ça fait de l’électricité statique t’as beau nettoyer dès que tu passes à côté elle vient et elle se colle sur le vinyle ils ont inventé tout un tas de produits pour les nettoyer j’ai un copain j’ai été le voir à Sofia en Bulgarie il avait une machine pour nettoyer les vinyles tu verrais le bruit que ça fait boingkrrrfff ah la la le bruit de la machine il y a une brosse comme ça comme un tourne-disque avec le diamant sauf que là ça nettoie mais ça fait un boucan j’ai dit non laisse tomber je garde ma poussière ça ira et puis il y a d’autres disques où les sillons sont vraiment complètement bouchés là tu ne peux plus rien faire c’est la poussière qui a eu raison de toi le diamant il passe dans un sillon donc si jamais ce sillon il est écrasé altéré griffé ou s’il y a une petite particule les fêtes au bord de la mer c’est terrifiant c’est sans pitié c’est rrrraaaaanh c’est horrible les fêtes sur le sable j’évite j’en peux plus ça rentre partout dans ton slip dans tes oreilles il y en a dans tes disques dans les platines les machines ah non c’est un scandale je crois que je préfère la flotte parce qu’au moins ça sèche le sable si tu l’enlèves pas ça va se coincer dans les petits coins le sable c’est la grosse poussière les vinyles même très rares je les sors je suis sans pitié faut que ça tourne si c’est un truc que j’aime beaucoup il va être usé ça c’est sûr et comme moi je les tourne avec la main tout autour comme ça tu vois les vinyles que j’aime ils sont tout blancs il n’y a plus de couleur il n’y a plus rien à force de les tourner c’est comme ça que tu repères ce que je préfère c’est le côté usé et d’autres fois je me fais un petit délire je me dis tiens je vais jouer tous les côtés oubliés parfois t’es surpris parce que tu étais fixé sur un truc donc tu reviens deux trois ans plus tard tu réécoutes et tu découvres des trucs magnifiques les disques c’est sans fin vraiment sans fin j’avais jamais vu toutes ces choses sous l’angle de la poussière j’avais jamais pensé la vie comme ça surtout avec les peintres et la poussière il y a un grand rapport de défiance parce que les trucs non voulus qui se collent là où tu n’a rien demandé non il faut vraiment prendre en compte la qualité de l’air et de ce qui se balade par rapport à ce qu’on voit ce sont des choses qui sont interconnectées quand on regarde une peinture on vient de la faire les couleurs sont fraîches le séchage démarre mais s’il y a beaucoup de poussières on peut revenir quelques jours plus tard ou des semaines plus tard on regarde on se dit mais pourquoi c’est moins bien que dans mon esprit est-ce que c’est moi qui avait une idée trop haute de ce que je faisais ou alors il y a une vie autour dans l’air des choses qui se déposent et c’est pour ça qu’il faut dépoussiérer ses peintures quand elles sont sèches il faut qu’elles soient protégées par un vernis après on peut faire des époussetages là par exemple sur celle-là avec les semaines je vois qu’il y a quelque chose d’un peu terne qui se met une petite pellicule grise il faut un pinceau et enlever ce que tu enlèves d’une toile ça se redépose sur une autre c’est là l’ironie du ventilateur qui donne l’impression que ça circule mais c’est pour mieux retomber il faudrait qu’il y ait un purificateur d’air il faudrait isoler le bas de la porte quand je ponce du gesso une préparation que j’ai faite sur une surface là il faut que j’anticipe que je fasse un petit nettoyage mais je ne suis pas la plus maniaque dessus la poussière ça peut changer la perception qu’on a d’une toile d’une image et même avec la lumière quand il y a des choses dans l’air avec ce genre de lumière là par exemple ça met un petit voile sur les choses j’ai déjà fait des mélanges ce n’était pas avec des poussières mais avec des billes de verre que je mélangeais à la peinture le résultat n’était pas très concluant après il y a plein de techniques on peut mettre aussi du sable dans sa préparation pour avoir des surfaces qui vont un peu contre toi mais en même temps c’est aussi sensé t’aider il y a plein de choses possibles plein de choses à faire l’air c’est important quand je prends les transports l’air il est spécial dans certaines stations un peu plus anciennes tu sens une odeur c’est peut-être due au frottement des rails aux particules des rails qui se propagent ce rapport à l’air ça va prendre de plus en plus de place dans nos vies quand on va se rendre compte de l’impact que ça a la poussière des craies c’est parfois difficile à respirer surtout quand tu la respires à longueur de journée ça restait sur tes doigts dans ta trousse quand les élèves ou toi effaçaient le tableau ou pire quand tu lâchais la brosse ça faisait un nuage pfffff de la poussière de couleurs c’est très fin tu as du mal à t’en débarrasser tu en as dans le nez mais la plupart du temps tu ne sais pas d’où elle vient c’est rageant tu vois c’est mystérieux c’est une question d’où vient la poussière même si t’as pas beaucoup d’objets il y aura tout le temps toujours de la poussière alors elle vient d’où de l’extérieur quand tu ouvres les fenêtres ou des peintures quand elles se délitent tu crois que tout se micro-décompose peut-être qu’on n’est que des amas de poussières et qu’on s’effrite très doucement tous d’ailleurs on desquame la peau desquame on est que poussière à Vancouver a l’entrée du musée d’anthropologie avant même les expositions il y a une petite vitrine en verre de 50cm carrés et à l’intérieur un petit tas de poussière c’étaient les poussières du musée de Rio de Janeiro une partie de ce qui reste de toutes ces collections ces êtres ces plantes ces squelettes ces livres qui y étaient conservés ce musée réduit à ce tas de cendres c’était impressionnant c’est ce qui m’a le plus marqué ce jour-là c’était mis en avant pour montrer l’importance de bien conserver les choses c’est fragile tout ça ils avaient juste mis une petite photo du musée derrière et puis ce tas de cendres je pleurais j’éternuais c’était pénible j’ai attendu d’avoir 60 ans au moins pour avoir une allergie au mimosa tu es allergique à l’alcool non j’aime l’alcool je ne suis pas allergique à chaque fois que tu bois de l’alcool tu éternues tu es allergique aux vapeurs d’alcool moins maintenant mais je me faisais prendre à chaque coup une goutte d’alcool qui m’arrive là et j’éternue et tout le monde sait que je suis en train de boire sur le conseil de mon médecin généraliste je suis allée voir un allergologue qui était tout content car son métier allait être enfin reconnu comme spécialité médicale et lui qui s’était battu vingt ans pour faire ce métier il allait enfin avoir un statut il m’a fait tout un tas de tests avec de petits points sur le bras en forme de damiers il fallait attendre ensuite un quart d’heure alors on a papoté de ci de ça de sa vie de ma vie de son statut d’allergologue de mon travail de pollution et là et bien j’ai réagi au cyprès il m’a dit qu’il fallait que j’attende il m’a donné un traitement puis après c’était à la crise en rentrant de mon voyage j’ai senti que ça sentait très mauvais quand tu as respiré du bon air pendant longtemps ça te fait un choc à la rentrée ça va être encore pire on va avoir au lycée une 2 x 3 voies qui va nous passer sous le nez on va être entourés de boulevards alors que l’établissement accueille plus de 2000 personnes quotidiennement ils ont arrêté le tunnel juste avant le lycée donc on a tout le débouché là où il y a le plus de particules et sur la nouvelle rocade ils ont du évacuer au moins deux écoles tellement le taux de particules fines étaient importants dans la cour c’était l’horreur et pour nous pour le lycée où je travaille on a essayé de signaler mais rien n’y fait on n’avait pas été consulté c’est le proviseur qui venait d’arriver depuis un mois qui a estimé qu’il n’y avait pas besoin de nous consulter ni de se renseigner et qui a donné son aval on a fait des manifestations devant les grilles du lycée on a fait des pancartes on a essayé de sensibiliser les parents mais bon ça ne marche pas on a exigé de rencontrer les gens du chantier pour qu’ils viennent nous expliquer qu’ils répondent à nos questions ils ont fini par accepter mais c’était la langue de bois donc la seule réponse c’est le sénateur maire du quartier qui nous as dit que prolonger le tunnel ça coûtait trop cher la santé de 2000 personnes ça ne coûte pas cher non plus quand il fait chaud l’été on n’en peut plus il n’y a pas de climatisation il n’y a rien on est obligé d’ouvrir mais avec toutes ces routes on ne s’entend plus on est censé aller vers des modes de transport plus propres plus collectifs prolonger le métro jusqu’au lycée c’est un projet mais alors pourquoi nous faire une 2 x 3 voies c’est 6 voies quand même tout ça pour amener les gens vers le littoral regardez tout n’est pas complètement néfaste c’est qu’on a crié et ils ont fait beaucoup de choses près de chez elle vous voyez la grande usine tenue par des américains la papeterie avec un temps humide comme ça c’est une odeur irrespirable ils ont fait tout on ne peut pas dire ils ont pollué la rivière tant qu’à bon compte mais au point de vue maladie des gens il n’y a rien eu avec le temps on peut le dire c’est quand on a été gosses que ça a commencé je me rappelle ces odeurs de choux pourris elle y est toujours aujourd’hui mais un peu moins parce qu’ils ont fait des travaux c’était bien pire quand j’étais gamine ce qui émane j’en sais rien mais ça sent le chou pourri et tout le monde le dit là-bas ils s’y sont habitués ils ne disent plus trop rien puis ça fait vivre le pays il y a tellement de gens qui travaillent dans cette usine et c’est très bien payé ils ont fait des bassins de rétention tu verrais les cuves qu’il y a dessus c’est à te faire peur mais ils ont fait les bassins on ne peut pas dire que l’usine n’a pas fait même si c’est sûr on ne mange plus les poissons de la rivière au début c’était encore pire que maintenant ces odeurs ma grand-mère et ma tante qui n’y avaient pas été habituées ça a du être terrible le changement tu ne peux pas échapper à l’odeur ça change complètement ton quotidien les gens ils ne viennent pas prendre de vacances là-bas à cause de cette puanteur il y a des périodes de l’année où ça sent plus ou moins quand même et dans le sud quand il y a des feux de forêts des incendies on sent mais ça ne me fait pas mal j’ai jamais eu de problème avec les particules de ces feux de forêts on peut en trouver parce que c’est des pins ça vole très loin ici les voitures elles sont jaunes de pollen certaines années c’est le cèdre notamment les petits cônes à un moment libèrent leur pollen dans l’atmosphère quand tu prends ta voiture tu diffuses le pollen tu aides un peu moi je suis allergique au pollen de mimosa tout ce qui fleurit jaune et ici j’ai tout ça sous le nez j’ai commencé à 60 ans moi qui me suis élevée dans les foins j’avais aucune allergie d’ailleurs chez moi personne n’avait d’allergies on ne savait pas ce que c’était c’est en allant voir un oculiste que j’ai compris que c’était ça je porte des lentilles depuis l’âge de 9 ans j’ai commencé par des lentilles dures que je paumais des toutes petites lentilles je n’ai pas de cristallin j’ai été opéré de la cataracte et j’ai toujours été habitué à ne pas voir ne pas voir c’est normal donc j’ai toujours imaginé je me suis toujours intéressé aux phosphènes aux paréidolies aux nuages tout ce qui est altération de la vision me plait je porte des lentilles souples port permanent hydrophiles à 70% depuis l’âge de 18 ans et ça tombait bien parce que ça correspondait au moment où je couchais pas mal avec des nanas et ça me permettait de ne pas enlever mes lentilles donc la première fois où j’ai pas enlevé mes lentilles je me suis dit j’ai même pas mal en me réveillant c’est parfait je ne vais plus les enlever les produits étaient très douloureux à l’époque très mal dosés trop salés on utilisait trop de savon chaque fois j’avais au moins une heure de larmoiement tous les matins parce que je les mettais tous les jours et quand ces lentilles sont apparues je ne les ai plus quittées j’ai battu des records mondiaux sans les enlever genre neuf mois et ce qui est intéressant c’est qu’avec le temps ça sèche il y a de la nicotine le regard commence à devenir de plus en plus douloureux donc ça donne de la profondeur au regard un mystère un mystère sournois et donc elles chopent tout ce qui passe dès que je ponce que j’utilise des produits elles se maculent et dessus se créent des petites concrétions de protéines de sels et autres ça occasionne des vrais frottements sur la paupière c’est très abrasif si je les garde trop j’ai des œdèmes cornéens je me suis toujours dit que c’était un petit test sur la douleur je les garde jusqu’à ce que ce soit insupportable ça me fait des petits flous des petits nuages noirs cela fait un an sans les quitter mais des fois je triche c’est un peu insupportable alors je les opère à la binoculaire et à l’aiguille à coudre je fais péter les petites concrétions regarde ça me fait penser quand on jouait aux billes il y en avait certaines qu’on appelait des planètes avec des petits grains j’ai l’œil emplanété donc ça fait pas très net au niveau du regard regarde elles sont blanches grises un peu jaunâtres tu en as plus sur un œil que sur l’autre plus sur le droit que sur le gauche à côté de ça il a les yeux d’une couleur particulière d’une nature particulière à ses yeux tu vois bien qu’il ne voit pas clair ils ne sont pas normaux est-ce que ta vision dépend de l’état de pollution de tes lentilles de contact est-ce que des fois tu vois un trou noir à la place de la tête des gens c’est plus proche d’un trouble que je vais avoir bientôt un trouble maculaire le même trouble maculaire que ma mère elle n’y voit pas au centre ça a un nom particulier ça la macula quand c’est au centre là où c’est le plus précis tu m’as montré une peinture avec une sorte de gros rocher une planète et il se passait rien au centre mais autour il y avait plein de points qui évoluaient comme dans tes yeux c’étaient des limaces c’est tellement relié en tout cas moi je vois le lien entre tes yeux et tes peintures mais tout le monde connaît ça quand on ne fait pas la mise au point au bon endroit on voit des petits serpentins des poils on voit même les vaisseaux sanguins qu’on a à l’intérieur des yeux quand tu fermes les yeux que t’as pris des produits ou juste que tu as regardé une source lumineuse tu as des phénomènes oculaires passionnants moi je jouais à ça quand j’étais gamin je me mettais les yeux fermés face au soleil tu vois entièrement orange puis des tas de trucs bim qui se mettent à bouger je faisais ça aussi et quand tu les suis du regard tu vois qu’ils bougent en même temps que tes yeux ils sont à l’intérieur ou sur tes yeux tu as l’impression de quelque chose de très liquide c’est l’humeur c’est le vitré c’est vrai que tu as l’impression d’être dans l’eau on m’avait fait une opération de cataracte dans les années 70 et à l’époque quand on t’opérait de la cataracte quand tu étais un môme on t’enlevait peau par peau comme un oignon on m’a opéré six fois trois fois chaque œil donc c’était des peaux c’était un peu liquide ils étaient obligés de percer l’humeur vitrée et l’humeur aqueuse donc ce qui était amusant c’est l’opération sous anesthésie locale qui littéralement déplaçait l’œil je ne sais pas s’ils le sortaient ou pas mais je me rappelle m’être tâté l’œil et avoir senti comme un petit pois j’étais dégouté je voyais des ballons verts des ballons jaunes comme à la foire que des couleurs primaires et pour un mec qui avait vu des phosphènes en ayant pris des substances j’étais un peu dégouté de ne voir que des couleurs primaires et rien de plus j’ai une tolérance pour la douleur à un moment donné tu ne chipotes plus sur les histoires d’œil histoire de l’œil histoire d’œil en plus tu l’utilises dans le sens où ça t’inspire des choses ça m’intéresse a tel point qu’à un moment je râlais parce qu’il y avait des tas de poussières qui se mettaient dans mes tableaux mais après je me suis rendu compte qu’au fur et à mesure où j’emprisonnais les poussières dans les glacis ça créait une profondeur tous ces artefacts de ponçage qui se collent une vraie profondeur pour un tableau ça ça m’intéresse l’air c’est de la poussière la profondeur c’est de la poussière donc ce n’est pas rien les astéroïdes enfin les étoiles filantes deviennent de la poussière on est tous de la poussière d’étoiles on a toujours dit que la poussière qu’on avait chez soi c’est des micro-particules dues à la pollution mais c’est aussi ces choses qui qui se pulvérisent au point qu’on imagine même que certains des acides aminés responsables de la création de la vie sur cette planète sont liés à ces météorites la flotte a été amenée par les comètes je ne crois pas à l’instant zéro le big bang il faut se le représenter comme l’explosion de tous les points simultanément on se le représente assez souvent comme un point qui viendrait à produire une explosion mais en fait on peut considérer que tous les points ont explosé simultanément ce qui me semble plus intéressant comme idée parce que c’est vachement moins envisageable ça veut rien dire donc c’est plus intéressant par contre avec une idée pareille on peut imaginer la dispersion de tout ce que tu dis c’est du bla bla mais c’est un phénomène de thermodynamique c’est aussi du jargon que tu ne connais pas on est dans le mythe de la caverne la lumière est arrivée après le big bang il y avais des gluons ils n’étaient pas encore enflammés et tu n’es pas à l’heure il y a une métonymie dans l’univers il y a des phénomènes à toutes les échelles qui sont très comparables chaque galaxie a un hyper massif en son centre qui permet que la galaxie ne se déploie pas trop certains se sont aperçus qu’il y avait orientés par rapport au big bang des jets d’étoiles de pépinières d’étoiles de lieux de densité supérieure à d’autres après quand tu regardes la théorie quantique dans les échelles très petites ou très grandes tu ne peux pas utiliser un vocabulaire que tu ne maîtrise pas de A à Z je ne connais aucun vocabulaire que tu maîtrises de A à Z quantique c’est une théorie relative aux champs c’est l’idée qu’on ne sait pas où se trouve l’objet qu’on est en train de chercher tu parles de l’échelle petite mais il se trouve qu’à des échelles gigantesques le même phénomène a lieu quand on observe à distance dans le temps on ne sait pas dans quel état est l’objet qu’on est en train d’observer et le temps et la distance c’est la même chose il n’y a pas de début ni de fin à l’Univers il y a plusieurs univers grosso modo ils sont entrelacés c’est pour ça qu’on dit tiens il y a une matière manquante tiens il y a une matière en plus c’est parce qu’il y a un entrelacs de jets de poussières on est issus de jets de poussières si on la regarde au microscope ce n’est pas une poussière il n’y a aucune poussière pas la moindre poussière dans ce monde si tu mouilles la poussière ça devient du limon et dès que le limon sèche ça devient une concrétion puis abrasée ça redevient de la poussière on s’en fout de la poussière c’est quelque chose qui peut s’agglomérer et devenir du ciment je crois comprendre de l’intérieur qu’il n’y a que de l’énergie ça c’est un truc de yogi il n’y a que de l’énergie ça me rappelle cette vieille parabole bouddhiste qui parle des deux tendances les plus extrêmes du bouddhisme qu’on appelle d’un côté celle des subitistes et de l’autre côté celle des attentistes quand t’as compris qu’il était question de libération d’obligations une sentence très classique dans le bouddhisme chinois dit chaque jour la poussière se dépose chaque jour je dois épousseter et une sentence bouddhiste du maître qui vient de l’autre côté dit mais sur quoi la poussière pourrait-elle donc se déposer il n’y a pas d’objet sur lequel la poussière qui n’est pas un objet non plus pourrait se déposer quoi il n’y a pas d’objet arrête de dire des conneries il n’y a ici que des phénomènes énergétiques il y a des femmes objets et à toute échelle à l’échelle cosmique on est bien d’accord qu’une galaxie c’est une poussière vue de loin une poussière c’est une galaxie vue de près ça c’est le mec qui n’a pas envie de faire le ménage je n’ai pas envie de faire le ménage en effet s’il y a un avis chez les bouddhistes que je préfère à un autre c’est celui des subitistes qui dit tu cherches à te libérer de la poussière mais de quoi tu parles tu ne peux pas te libérer de la poussière en nettoyant tous les jours tous les jours tu vas retrouver de la poussière jusqu’au jour où tu auras compris qu’il n’y a aucun objet sur lequel peut se déposer la poussière c’est un raisonnement de tir au flanc probablement c’est très facile de trouver de la métaphysique pour se débiner de faire le ménage ça ne m’étonne pas que tu n’ais pas gardé tes femmes moi-même je ne les ai pas gardées la poussière c’est ce qui nous sépare des femmes j’ai beaucoup trop d’objets sur lesquels la poussière se dépose quand on déplace un objet ça fait des traces propres et ça c’est sale les traces propres on est obligé de faire un fondu enchaîné entre le propre et le sale pour que ce ne soit pas trop net si tu veux revenir au concret en effet le message du maître c’est si tu possèdes quelque chose la poussière se déposera dessus tous les jours on redessine dans le jardin on fait des traits dans le sable et le lendemain les grains de sable ont bougé donc on est obligé de refaire c’est futile en définitive c’est mondain c’est une activité mondaine de l’existence si tu arrêtes de croire à l’objet sur lequel se dépose la poussière faire la poussière devient inutile si chez moi je fais la poussière c’est probablement parce que j’ai trop d’objets sur lesquels la poussière vient se déposer mais la poussière se dépose aussi sur les souvenirs sur les yeux dans les oreilles mais des fois il y a des situations où on a intérêt à ce qu’une poussière se dépose c’est si on a besoin de mémoire oui si on a besoin d’avoir des concrétions si on a besoin de chercher le passé on est obligé de faire des fouilles on prend un pinceau et on soulève les poussières jusqu’à trouver quelque chose qui est resté plus dur c’est à dire les choses qui ont laissé une mémoire plus intense que les autres même si elle est périssable on peut quand même la retrouver des millions d’années après ce qui est incroyable mais des millions d’années c’est une poussière de temps la poussière c’est ce qui nous permet de nous parler de nous enregistrer l’accumulation de la poussière en question qui est une poussière de rien qui est juste une mémoire du temps écoulé qui s’est par endroit durcie accumulée densifiée il y a aussi des choses qui se fragmentent qui s’émiettent qui redeviennent poussières qui transportent autre chose et on a pour le coup des poussières qui nous deviennent nocives on vient de la poussière et on y retourne selon la formule consacrée mais n’empêche qu’on vit dans cette poussière qui nous a crée et qu’on a provoquée aussi alors la première qui me vient à l’esprit c’est celle qui est nocive bizarrement celle qui n’est pas bonne à côtoyer ce serait des poussières d’activités humaines irréfléchies irraisonnées c’est une mémoire qu’on laisse aussi à nos enfants pour la peine enfin à nos suivants mais on l’a héritée aussi forcément on peut retrouver dans des carottes des prélèvements des traces de particules carbonées par exemple qui indiquent qu’il y a eu du feu scientifiquement quand on a découvert ce genre de possibilités d’études des carottages sur des milliers d’années ou bien plus dans la glace ou dans la terre c’est aussi une accumulation qu’on voit d’une activité qui était aussi humaine la poussière qui continue à se retourner sur elle-même avant de prendre une forme plus stable qui nous a permis d’habiter dessus et de faire nous-mêmes de la poussière ça m’évoque ce phénomène qu’on appelle entropie avec un a avec un e mais l’homme est responsable de la poussière donc il y a entropie et anthropie la dispersion de la poussière c’est ça l’entropie mais est-ce que tu savais qu’il y avait une mésentropie il y a forcément un contraire à tout ce serait un phénomène de reconstruction l’entropie c’est un phénomène de thermodynamique donc c’est à la fois incompréhensible et en même temps assez simple c’est quoi qu’il arrive on va vers le bordel quoiqu’il arrive plus les choses deviennent complexes plus elle deviennent bordéliques ce qui est complètement antinomique par rapport à notre manière de réfléchir la vie est un facteur de mésentropie la conscience en soi est un facteur de mésentropie ça dépend des consciences les consciences fermées oui je te parle de la conscience je ne te parle pas des consciences la conscience de qui la conscience de mon vélo la conscience de ton vélo est très stable la conscience de la table aussi mais pour les pollens je ne sais pas quel genre de dégénérescence permet de ne pas supporter les pollens là où tu habites tu imagines un homme préhistorique allergique au pollen un bison allergique au pollen un orang-outang allergique à la banane un bison allergique aux pâquerettes une vache allergique aux trains êtes-vous sensibles à ça ou pas c’est une invention humaine l’allergie c’est pas les gens allergiques qui inventent leurs allergies est-ce que vous le vivez dans votre corps ou pas il y a des gens qui inventent leurs allergies c’est l’éducation c’est les mêmes gens qui sont sensibles au pollen et ceux qui ne le sont pas il y a juste des gens très attentifs à leurs réactions et d’autres qui ne le sont pas qui passent outre mais quand tu pleures quand tu mouches c’est un mouvement involontaire ça n’arrive pas à tout le monde cette sur-sensibilité c’est pas forcément une attention consciente c’est tout sauf une attention consciente le phénomène qui consiste à céder plutôt qu’à s’y opposer est plus conscient mais on n’accuse pas quelqu’un d’être allergique parce qu’il l’est il l’est parce qu’on l’a conditionné à le devenir parce qu’on l’a élevé dans un milieu qui lui a permis de le faire et en plus derrière je ne sais pas dans quel sens ça marche ça conditionne une sensibilité ça veut bien dire ce que ça veut dire lui il est d’une sensibilité de peintre telle qu’il distingue 17 verts différents là où moi j’en vois 4 on dit souvent être sensible à quelque chose les artistes ont souvent une sensibilité particulière et à la fois pour régler ces problèmes d’allergie une solution proposée est de désensibiliser les gens c’est assez fort de se désensibiliser à son environnement ça marche pour plein d’autres choses moi je me suis volontairement désensibilisé à la plupart des émotions par exemple à ne pas accepter la peine de la perte de mes proches comme une obligation de comportement c’est une forme de désensibilisation volontaire c’est maintenant qu’il faut pleurer ben non je ne pleurerai pas quand tu t’es rendu compte que tu es conditionné à avoir une sensibilité systématique à la même chose tu peux décider que derrière il y a une énergie suffisante pour dire non ce n’est pas trouver une manière pour que ça ne t’atteigne pas c’est que ça ne t’atteigne pas c’est pas une manière pour c’est la même manière pour que ça t’atteigne ou pour que ça ne t’atteigne pas c’est juste une question de position de posture par rapport au phénomène on m’a appris que dans telle situation je devais avoir telle réaction c’est très courant dans l’existence c’est très embrouillé aussi tellement il y a d’interactions dans tous les sens des injonctions à un moment donné tu te dis à chaque fois qu’il m’arrive ça je réagis de cette manière non ce n’est pas obligé tu as un problème avec les larmes non je pleure énormément ça pourrait être une pudeur c’est une pudeur en effet c’est une pudeur de pleurer c’est une pudeur de ne pas le faire aussi tu pourrais avoir honte de pleurer en public j’ai eu honte de ne pas pleurer aussi dans certaines circonstances parce que justement j’ai volontairement voulu renverser le problème mais pourquoi tu veux volontairement ne pas pleurer à partir du moment qu’un phénomène inconscient arrive à ton conscient tu te dis merde pourquoi à chaque fois pourquoi j’ai faim pourquoi je bave je bave pas quand j’ai faim je mange c’était une manière de parler de conditionnement se déconditionner oui cela m’a semblé important à un moment donné justement parce que ça permettait de ne pas avoir d’objets sur lesquels la poussière se dépose mais c’est raté je te rassure tu pleures toi pas souvent non moi je pleure comme une Madeleine t’as honte de pleurer il y a les sanglots et les larmes c’est différent j’ai honte de pleurer mais j’ai honte aussi de ne pas pleurer mais t’as honte tout le temps alors là j’ai honte de continuer à t’adresser la parole toi tu pleures oui il pleure parce qu’il a les lentilles tellement sales la boucle est bouclée il y a du sel de la limaille de fer des dépôts d’hydrocarbures tu es content de cohabiter ici avec des gens qui émettent beaucoup de poussières je suis content de cohabiter avec des gens qui écoutent de la musique bizarre lui il écoute de la musique optimiste et eux écoutent de la musique noire de la musique avec des vocodeurs tu veux que je t’offre une clope non c’est un tabac bio le tien c’est du drum t’as quoi toi c’est un pueblo par rapport aux particules si tu veux pour moi la cigarette c’est une manière de ne pas respirer la merde ambiante tu fumes du tabac du pueblo ça sent quoi le foin le céleri l’étable ça sent l’herbe froissée ça sent le foin tu as raison tu fumes du foin le mien est surchargé en agents de texture en sucre alors c’est pas du tout pareil il est plus chocolaté est-ce remplacé un air par un autre non fumer c’est faire un geste respiratoire conscient volontaire ce qui est absolument inconnu des gens des non-fumeurs ou même de la plupart des fumeurs il n’y a que les yogis qui respirent consciemment mais pendant longtemps j’ai cru que les gens qui fumaient c’était pour garder une trace de respiration consciente et d’autre part le tabac en particulier ça ferme les bronches elles disent arrêtez c’est dégueulasse donc dans les mines c’est connu les fumeurs se tapaient moins de silicose ils respiraient beaucoup moins de poussières de charbon que les autres parce qu’ils avaient déjà les poumons en état de défense la nicotine c’est reconnu par les poumons comme quelque chose d’agressif comme un poison donc ils se protégeaient de la silicose mais est-ce qu’ils risquaient un coup de grisou en allumant leur clope non parce que t’as un canari avec toi toujours le canari lui il meurt dès que le taux de gaz carbonique est trop important dès que le canari arrête de chanter tu remontes c’est pour ça qu’ils avaient un oiseau en cage au fond de la mine quand le coup de grisou arrive t’as d’abord une baisse du niveau d’oxygène parce que t’as une augmentation du carbone dans l’air de la poussière de charbon dans l’air et en effet à la moindre étincelle regarde ce grand yogi là tu es conscient de ce que tu fumes tout est plus vrai si je fume c’est une manière de se concentrer c’est une manière d’être présent c’est revenir à la respiration dans le yoga c’est revenir à un état de présence d’immédiateté j’ai arrêté de fumer 15 jours et Paris s’est mise à sentir la merde je sentais l’haleine des gens à un mètre quand je me suis mis à vapoter j’avais des plateaux nicotiniens mais j’avais pas mes pics je me retrouvais devant mes tableaux sans avoir le pic qui me dit là c’est nul là c’est nul là c’est nul je sais ce que je vais faire je me retrouvais à m’emmerder devant mes tableaux c’est quand même le truc le pire qui puisse t’arriver ça me permet de voir ce qui déconne si je ne fume pas tout déconne enfin tout m’emmerde je vois jamais les trucs de façon positive jamais de la vie mais je vois les choses en fumant alors que je ne vois rien sans fumer c’est une acuité que tu trouves dans la nicotine ça existe dans le corps humain on a des récepteurs nicotiniens c’est dans le cerveau que la nicotine est métabolisée par le corps il en fabrique lui-même c’est un neurotransmetteur ça fait speeder le cerveau comme la cocaïne ça pourrait pallier à la sérotonine il y a plein de neurotransmetteurs mais ils se décomposent en trucs plus petits en sérotonine dopamine c’est les molécules les plus petites qui permettent de créer un circuit électrique c’est de la chimie de l’électricité il y a un truc qui te dit oui non ou ça bloque ou ça accélère mais en amont il y a toujours des molécules plus complexes il y a l’hypophyse la thyroïde on sent bien qu’il y a des cycles et que ça va très vite c’est à la fois électrique et chimique c’est pour ça que c’est difficile d’arrêter de fumer c’est qu’on s’emmerde ça oui tout est très plat très casse-couille l’air c’est ce qu’on a en commun aussi ce que vous êtes en train de fumer je suis en train de le respirer il y a du passage c’est ce qu’on a en partage tu respires même ma respiration donc c’est quelque chose de très intime si on était encore des mammifères aquatiques ça serait la catastrophe on en serait encore à mariner dans le même jus c’est exactement pareil l’air est un fluide et si on savait exactement dans quelle piscine on est en train de se baigner à chaque respiration on se poserait la question tu imagines si notre respiration était visible j’aurais une respiration bleue t’aurais une respiration violette moi elle serait jaune c’est sûr j’ai connu un peintre chilien qui peignait toujours des personnages à moitié animal à moitié humain mais ce qui était le plus caractéristique c’est que leur respiration était toujours représentée dans le dessin ça pourrait être aussi de la parole comme la bande dessinée mais la bulle là c’était une bulle oui mais c’était bien sa respiration ça se diffusait et chaque personnage avait sa couleur il y avait des chiens des oiseaux quand deux personnages étaient à côté ça se brassait leurs haleines s’interpénétraient oui il y avait le mélange comme avec la peinture ou la lumière le premier jour où on a utilisé sur le front le gaz de combat le gaz moutarde c’était le 15 avril 1914 à ce moment là c’était plus le corps de l’ennemi qui était visé mais son environnement de telle manière qu’il se donnait la mort lui-même en respirant il inhalait les gaz c’était pas une atteinte directe comme avec un fusil dans les années 20-30 on a eu aussi une attention à cet environnement en construisant des sanatoriums on réfléchissait à l’air à la lumière aux conditions environnementales qui permettent de soigner cette question elle est peut-être née dans les tranchées mais quand on donne des couvertures avec la rougeole la malaria aux amérindiens c’est bien avant le gaz moutarde et c’était volontaire aussi à l’époque il a été prouvé qu’ils l’avaient fait volontairement c’était des stocks qui étaient partis pour être brulés puis on a dit non on va les filer comme armes de guerre aujourd’hui il y a les armes chimiques et bactériologiques c’est une histoire de poussière aussi les virus dans l’air on pourrait stériliser des populations entières on est dans des bains d’hormones femelles depuis l’après guerre et le DDT on peut même accuser les Etats-Unis d’avoir vendu du DDT à l’Allemagne et d’avoir fait chuter son taux de natalité avec une population qui s’est totalement dévirilisée c’est un pesticide qui a été interdit mais qui a modifié complètement le biotope et les gens les volumes spermatiques se sont divisés par dix par rapport à l’époque des Poilus on parle aussi en ce moment des perturbateurs endocriniens la pilule aussi se retrouve dans les eaux tout ça affecte la chaîne alimentaire j’arrête la machine on l’avait presque oublié enfin non on ne peut pas l’oublier elle vole l’âme des gens ça vole l’âme comme les appareils photographiques mais t’inquiète tout ça sera complètement inaudible il faudrait que tu ais une voix plus aigüe pour que ça passe et surtout mettre un peu de coffre descends dans le ventre tu es complètement dans le masque pas simplement dans le nez dans le masque en tant que menuisier le problème principal dans mon métier aujourd’hui c’est la poussière de bois mais on travaille aussi le plastique qui génère de la poussière aussi c’est pas la meilleure matière à respirer ça peut engendrer plus tard de vrais problèmes de santé dans la tête de tout le monde le problème principal c’est à long terme mais on n’est pas conscient du danger on se laisse aller tu vois le soir que tu as respiré beaucoup de poussières tu te dis qu’il faut prendre des mesures pour se protéger mais le lendemain rebelote on redémarre et rien n’est fait pourquoi parce que soit on n’est pas sérieux avec nous même soit c’est parce qu’il faut investir soit c’est parce qu’on est tellement en retard avec un chantier que ça passe au deuxième plan au niveau des investissements si tu veux optimiser l’aspiration des poussières nocives ça demande beaucoup beaucoup d’investissements après tu peux acheter un aspirateur qui va déjà te protéger un minimum et les poussières tu les ramènes chez toi partout partout sur les vêtements quand je prends ma douche je vois l’eau qui coule foncée surtout ici là où on travaille en ce moment ce n’est pas l’endroit le plus propre qu’on puisse trouver il y a des interactions entre nous liées à la poussière dans le sens où l’un va générer des particules qui vont peut-être gêner l’autre le métier qui en génère le plus ici ce sont les menuisiers c’est nous il y a eu des plaintes on nous a demandé plusieurs fois de nous protéger un minimum d’aspirer de protéger aussi les gens car on est pas tout seul ici tu as vu les plantes elles accumulent énormément de poussières sur les feuilles on peut dessiner dessus regarde avec les vernis c’est un autre problème c’est beaucoup plus toxique on met des masques avec des cartouches mais au bout d’un moment c’est gênant tu commences à transpirer c’est pas agréable en attendant j’évite de respirer dès que j’arrive à la maison je vois que l’intérieur de mon nez est complètement sale c’est la poussière c’est un souvenir de quand j’avais 16 ou 17 ans il y avait eu un orage assez puissant là où j’habitais ça avait cassé pas mal de tôles du toit à base d’amiante on n’était pas conscient des problèmes de ce produit je me suis retrouvé à découper de la tôle avec une scie à main je n’en ai pas découpé beaucoup mais je me rends compte aujourd’hui que c’était dangereux c’était les années 90-95 au Brésil quand j’ai entendu parler de l’université de Jussieu ici en France là je me suis rendu compte que j’avais côtoyé touché certainement respiré ça on n’est pas assez informés du danger de tous ces produits même ceux qu’on manipule tous les jours ce qu’on achète au supermarché qu’on mange alors que c’est bourré de produits chimiques et de pesticides là tu te rends compte que quelque chose ne va pas le profit passe souvent au dessus de tout donc pour avoir une bonne productivité il faut des produits pesticides on ne réfléchit pas à deux fois s’il faut aller plus vite et qu’on ne peut pas investir on va travailler le bois sans protection adéquate tout dépend du profit c’est triste mais c’est la réalité ça c’est un vrai problème même économique parce que ça coûte extrêmement cher de soigner une personne malade mais ils ont du faire le calcul le profit doit être plus important que ce qu’ils doivent dépenser avec les problèmes de santé une sorte de balance est-ce que les vies humaines sont plus importantes que le profit ou pas du moment où l’on peut se reproduire ce qui compte pour eux c’est de l’âge adulte jusqu’à ta retraite